Menu
Libération
TRIBUNE

Les hommes politiques, placardisés du Loft

Article réservé aux abonnés
publié le 17 mai 2001 à 0h53

Le premier de Chirac ou de Jospin qui s'invitera dans le Loft aura gagné la présidentielle. Car le Loft mobilise la France entière, suscite du dissensus et pose de belles questions. Et le politique devrait s'y plonger s'il veut se refaire une santé. Le clivage gauche-droite a disparu, n'importe, il y a le Loft. Il suffit d'aborder le sujet pour qu'aussitôt deux camps se lèvent, pour que les amis de trente ans se déchirent, les amants désunis se retrouvent, les psychiatres se prennent pour des starlettes et les patrons de chaînes s'affirment, contre toute logique, plus préoccupés de la santé mentale des téléspectateurs que d'Audimat. Tel est le privilège de Loft Story qui, depuis trois semaines, affole et finalement révèle la société française à elle-même. Reflet des vices et vertus de notre modernité, l'émission fait jaser. Les censeurs censurent, les imprécateurs imprèquent, les tartuffes tartuffonnent, les téléspectateurs applaudissent. Tout le monde en cause sauf... les politiques. Et ça c'est un événement qui ne relève pas du hasard.

D'ordinaire toujours prompts à surfer sur l'air du temps, les élus, cette fois, se tiennent cois. Ce sont les grands muets du moment. La France se passionne, raisonne et déraisonne, eux se taisent. Leur silence montre leur embarras, leur déconnexion avec le Loft et ce qu'il révèle de l'humeur des temps. Parce que l'engouement est grand et que le critiquer, c'est risquer de mécontenter l'électeur qui sommeille chez les téléspectateurs. Parce q