Silvio Berlusconi, chef de l'opposition, va succéder, pour cinq ans, à une coalition de gauche qui était au gouvernement depuis cinq ans. Ailleurs, cela s'appelle l'alternance et ça devrait être banal. Mais, pour en arriver là, l'Italie a dû attendre cinquante-six ans et passer par l'effondrement de l'ordre de Yalta, l'agonie d'une République et une longue, périlleuse transition. C'est pourquoi le 13 mai 2001 est une date destinée à rester dans l'histoire italienne.
Le nouveau Parlement a les traits et l'architecture de la modernité. Une coalition libéralo-conservatrice et une gauche réformatrice, à mi-chemin entre les démocrates américains et la social-démocratie européenne, s'opposent dans un paysage politique dégagé. Les petits partis ont été laminés. Ce qui permettra, sans doute, de soigner une maladie séculaire de la vie publique transalpine, le transformismo, c'est-à-dire les allers et retours des politiques d'un côté à l'autre de l'échiquier, au gré des humeurs et des intérêts. Pas moins de 140 parlementaires avaient retourné leur veste au cours de la dernière législature, où le groupe des non-inscrits avait été, par moments, le troisième par nombre d'adhérents.
La politique a repris le dessus. Ainsi, une grande majorité d'électeurs semble avoir voulu signifier que l'application abstraite, tatillonne de la loi, fait davantage de dégâts que de bien. Ils ont compris, en tous cas, que la corruption est, au premier chef, un problème politique et non judiciaire. Ils ont réag