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Libération

En Savoie, à Montreuil

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publié le 21 mai 2001 à 0h56

A qui aura-t-elle profité, la censurette avortée, en Savoie, du film de l'ennuyeux Cédric Kahn, officiellement sélectionné à Cannes et consacré à la vie et à la mort de Roberto Succo? Au Festival, qui l'aura ignorée superbement, ou au syndicat de flicards Alliance (très «marqué à droite», comme dit l'euphémisme convenu) qui l'a promue? L'opinion n'a pas embrayé. Roberto Succo a finalement été projeté vendredi à Albertville et devait l'être ce week-end à Aix-les-Bains. Samedi, seul Chambéry se refusait encore à projeter la prétendue «promotion du parcours d'un

criminel», pour reprendre les termes policiers. Ce peut être très con, un policier... Allez expliquer à ceux d'Alliance qu'un film, même consacré à un tueur de flics (mais pas seulement de flics), ne constitue pas forcément une apologie de son sujet, vous verrez... Catherine Tasca n'a même pas essayé. Vendredi, la socialisante ministre de la Culture se répandait en affligeantes circonlocutions desquelles il ressortait qu'elle «pouvait comprendre qu'on ait choisi, momentanément, de ne pas donner à voir...», etc. Ainsi l'autorité publique, inversant tous ses devoirs (ne parlons pas des convictions de ses ministres), légitime-t-elle a priori toute tentative de censure; au lieu de se poser en protecteur de la liberté de création, elle tend l'oreille au

moindre lobby (quand l'indignation d'un seul père de famille découvrant une bite sur un écran peut s'ériger en lobby) pour relayer ses prétentions à tout émasculer.

A Montreuil,