Logiquement, la France devrait se trouver dans une situation économique problématique. Elle a fait tout ce que proscrit l'actuelle orthodoxie anglo-saxonne. Son secteur public est plus étendu que celui de tout autre grand pays européen, et ses dépenses publiques représentent plus de la moitié du PNB, ce qui la contraint à maintenir une pression fiscale élevée. Elle dorlote les travailleurs du secteur public, qui continuent pourtant de faire grève afin d'obtenir leur retraite encore plus tôt et de travailler encore moins longtemps. Elle a imposé la semaine de travail de 35 heures, ce qui devrait rendre ses exportateurs moins compétitifs que leurs concurrents européens.
De plus, elle est gouvernée par un Premier ministre, Lionel Jospin, qui, heurté par la décision de Marks & Spencer de fermer ses magasins français, n'a pas hésité à mettre en place un projet de législation visant à ralentir la cadence de licenciement des entreprises or, c'est précisément là le type de mesure censé décourager les investissements intérieurs.
Avec tout cela, la France est-elle en difficulté? Eh bien, non. Bien sûr, Paris resplendit: d'une part le mode de vie des gens et en particulier leur manière de s'habiller dénote une prospérité certaine; d'autre part, les services publics semblent fonctionner mieux qu'à Londres. Et même hors de la capitale, comme le constateront les vacanciers britanniques cet été, semble régner une prospérité qui n'existait pas cinq ans auparavant. Au cours d'une convers