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Libération
TRIBUNE

L'Europe perd son âme en Corée du Nord

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par François GODEMENT
publié le 22 mai 2001 à 0h57

L'Europe et son président, le Suédois Perrson, en petit télégraphiste des Etats-Unis à Pyongyang, alors même qu'un vote européen écarte l'Amérique de la Commission des droits de l'homme de l'ONU? Comment la naissance de la politique étrangère commune peut-elle conduire à de telles contradictions, et à de tels faux pas?

Certes, les deux événements ne sont pas sur le même plan. A Pyongyang, après avoir d'abord cherché à affirmer une diplomatie multipolaire et conciliatrice, les Européens, à l'issue de leur visite, annoncent pour résultat un message aux Américains. A Genève, par contre, c'est bien un choix diplomatique délibéré des Européens qui a fait trébucher les Etats-Unis, tandis que l'Autriche, honnie voici un an, les remplace pour traiter des droits de l'homme.

Il naît un sentiment de malaise à voir la nouvelle troïka européenne de politique étrangère effectuer son premier déplacement hors d'Europe pour rendre visite au régime le moins démocratique de la planète. On dira que c'est pour la bonne cause: celle, prônée par le président sud-coréen, Kim Dae-jung, de la détente et du dépassement des blocs, de la main tendue et d'une initiative qui rappelle furieusement, par exemple à nos amis allemands, leur Ostpolitik, et par conséquent la réunification de 1989.

Mais la Corée du Nord n'est pas l'ex-RDA, et les Européens peinent à trouver le mélange d'ouverture et de fermeté qui convient à l'égard de Pyongyang. Ce n'est pas nouveau. Depuis octobre 1994 et l'accord Etats-Unis-Corée