La polémique née autour de l'initiative prise par les éditions Plon et le journaliste et écrivain François Ceresa d'écrire une suite aux Misérables a pris une curieuse orientation après l'intervention juridico-médiatique d'un certain nombre de descendants de Victor Hugo visant à interdire ou à discréditer cette suite romanesque au nom d'une sorte de droit moral post mortem (1).
Porter le nom de Hugo n'interdit pas d'avoir une opinion sur ce sujet; mais s'en prévaloir pour aller devant les tribunaux, interpeller les responsables politiques ou se draper d'une prétendue autorité par le droit du sang, c'est établir une sorte de monarchisme absolu des lettres. La durée de la propriété littéraire est fixée légalement à soixante-dix ans et cela suffit largement aux héritiers pour toucher leurs royalties et exercer leur droit moral.
Toute l'histoire de la littérature est faite de ces suites, de ces repris, de ces emprunts, voire de ces plagiats (ces derniers aujourd'hui impossibles, sans doute heureusement) qui marquent le dialogue que, d'une époque à l'autre, d'un thème à l'autre, les écrivains continuent entre eux. On ne croit pas que la famille Ovide ait intenté procès à la famille Esope, qui ne s'est pas émue de l'initiative de La Fontaine et ainsi de suite. Pendant des siècles, s'inspirer des oeuvres des autres, les refaire, les copier, etc. a été considéré comme une activité non seulement licite mais louable. Le pillage est un des moyens des beaux-arts. C'est ainsi qu'Antigone e