Tout le monde constate que la coupure entre l'offre et la demande politique ne cesse de s'approfondir. Ce que l'on dit moins, c'est que cette demande politique, loin d'être floue, représente un ensemble de mieux en mieux structuré d'aspirations citoyennes défendues par de multiples associations et largement relayées dans l'opinion. Ainsi, le Forum de la gauche citoyenne, qui réunit des militants politiques, syndicaux et associatifs, originaires de toutes les familles de la gauche, a pu approuver une quarantaine de propositions précises sans réelle difficulté entre ses membres: généralisation de la parité femmes-hommes, non-cumul strict des mandats et des fonctions dans l'espace et dans le temps, droit de vote des étrangers, indépendance de la magistrature, reconnaissance des langues minoritaires... autant d'exemples qui suscitent une adhésion désormais majoritaire.
La question centrale est dès lors moins de se mettre d'accord sur leurs contenus que d'être suffisamment précis sur la façon de concrétiser ces aspirations. On peut, de ce point de vue, penser légitimement que notre République devrait à terme changer de numéro, mais l'essentiel nous semble d'engager dès aujourd'hui les transformations possibles de ce qui demeure de pouvoir monarchique. Or l'expérience de ces dernières années montre qu'il n'y a aucune chance d'y parvenir du fait des pouvoirs conjugués de blocage exercés par le Sénat, le Conseil constitutionnel et le président de la République. Il est donc évident qu