La gauche italienne y est merveilleusement parvenue, la gauche française est capable de faire aussi bien: même avec un bon bilan, même avec un recul sensible du chômage et des progrès en matière de solidarité sociale, même avec un certain savoir-faire politique (Corse, inversion du calendrier, quinquennat), il est tout à fait possible de parvenir à perdre le pouvoir. Il suffit d'en prendre les moyens. Plusieurs de ceux-ci sont d'ores et déjà réunis à Paris. En Italie, Fausto Bertinotti, récusant la coalition réformiste de l'Olivier, refusant de choisir entre Rutelli et Berlusconi, a pu atteindre 5% des suffrages avec sa Refondation communiste: opération menée de main de maître, puisque ces voix ont fait justement la différence qui garantissait la victoire du tycoon des médias. L'élégant Bertinotti a coupé net les jarrets de l'infâme gauche sociale-démocrate.
Arlette Laguiller et Alain Krivine n'ont pas à nourrir de complexe d'infériorité: eux aussi peuvent faire chuter la gauche plurielle. Il leur suffit de mettre avec énergie Jospin/Charybde et Chirac/Scylla sur le même plan. Jean-Marie Le Pen avait brillamment utilisé la méthode au détriment de la droite lors des élections législatives de 1997. Pourquoi les trotskistes n'arboreraient-ils pas à leur tour une tête de handicap? Evidemment, ils ne peuvent garantir à eux seuls la chute de la gauche réformiste. Là encore, Rome peut éclairer Paris. Rien n'interdit d'importer le syndrome de l'Olivier et de le transposer dans notre