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Libération

Civisme du gnangnan

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publié le 28 mai 2001 à 1h01

Comment se fait-il qu'on emploie encore, comme dans la «Fête des mères», ce terme de mères, aux consonances désuètes et glacées de trop objectif état civil? Combien de temps encore perdurera, dans le dictionnaire, ce substantif sévère, que le vocabulaire de la vie réelle tend partout à remplacer par l'affectif mamans? Les temps sont familiaux, mais les temps manquent d'audace. Si l'Académie et le CSA en avaient, ils traduiraient en décrets l'avènement des mamans pour définitivement proscrire les mères. Bons dieux! Les gazettes, même des tribunaux, ont commencé le boulot par le bas en tendant à utiliser, en place du trop judiciaire «mineur», l'enfant-roi trônant en majesté dans les circulaires de Ségolène Royal. De fait, «l'enfant», qui identifie de façon générique à peu près toutes les catégories d'âge, des primes langes jusqu'à l'adolescence bien redoublée, attendrit l'époque. Dénommer «mineurs adolescents» les élèves d'un collège de Longwy qui brûlèrent au fer rouge un de leurs congénères, ce serait déjà ouvrir la porte à une trop brutale qualification de «torture»; et d'«atteinte à la dignité humaine» l'imposition d'une fellation mimée sur un tube métallique enduit de graisse industrielle; or, ce ne sont là, pour citer le ministère public, au tribunal pour enfants de Briey, que «violences habituelles». Car l'enfant, l'enfançon, en son enfantine innocence, ne torture pas. L'enfant s'amuse. L'enfant, lorsqu'il serre dans un étau les doigts de son petit camarade, ne fait, da