Toute notre réalité est devenue expérimentale. En l'absence de destin, l'homme moderne est livré à une expérimentation sans limites sur lui-même. Deux illustrations récentes, l'une, Loft Story, de l'illusion médiatique du réel en direct; l'autre, Catherine Millet, de l'illusion phantas-matique du sexe en direct.
Le Loft est devenu un concept universel, un condensé de parc humain d'attraction, de ghetto, de huis clos et de l'Ange Exterminateur. La réclusion volontaire comme laboratoire d'une convivialité de synthèse, d'une socialité télégénétiquement modifiée.
C'est là, quand tout est donné à voir (comme dans Big Brother, les reality shows, etc.) qu'on aperçoit qu'il n'y a plus rien à voir. C'est le miroir de la platitude, du degré zéro, où il est fait la preuve, contrairement à tous les objectifs, de la disparition de l'autre, et peut-être même du fait que l'être humain n'est pas fondamentalement un être social. L'équivalent d'un ready-made transposition telle duelle de l'everyday life, elle-même déjà truquée par tous les modèles dominants. Banalité de synthèse, fabriquée en circuit fermé et sous écran de contrôle.
En cela, le microcosme artificiel du Loft est semblable à Disneyland, qui donne l'illusion d'un monde réel, d'un monde extérieur, alors que les deux sont exactement à l'image l'un de l'autre. Tous les Etats-Unis sont Disneyland, et nous sommes tous dans le Loft. Pas besoin d'entrer dans le double virtuel de la réalité, nous y sommes déjà l'univers télévisuel n'es