En annonçant, à la fin du mois de mars, une augmentation historique des effectifs de magistrats, qui devraient passer de 6 700 à plus de 8 000 au cours des quatre prochaines années, le gouvernement a mis fin à un mouvement de protestation qui avait touché l'ensemble des juridictions.
Il est vrai que les magistrats de l'ordre judiciaire ont dû faire face depuis une vingtaine d'années à un accroissement sensible des contentieux, alors que leurs effectifs n'augmentaient pas en proportion. Immédiatement à l'origine de la grogne judiciaire, différentes réformes ont été votées, certaines sont même entrées en vigueur, sans création de postes correspondants; il s'agit, en particulier, de l'ouverture d'une voie d'appel contre les décisions de condamnation des cours d'assises, du double examen systématique des décisions de placement en détention provisoire et de l'instauration d'un échevinage entre magistrats consulaires et juges professionnels dans les affaires commerciales de faillite.
De ce point de vue quantitatif, les mesures gouvernementales annoncées sont donc opportunes. On sait pourtant d'expérience que les problèmes de fond de l'administration, prise ici au sens large, n'ont jamais été résolus par l'accroissement du nombre des fonctionnaires.
C'est sans doute dans le même état d'esprit que la garde des Sceaux, parallèlement à l'annonce des mesures budgétaires, a invité les organisations professionnelles du monde judiciaire à une vaste concertation sur l'avenir de l'institution,