Qui aujourd'hui en France accepterait clairement que le nombre de nos agents des services publics et le niveau de leurs traitements soient décidés à Bruxelles par une majorité d'étrangers? Plutôt qu'une mauvaise Constitution européenne, je préfère pas de Constitution. Ou alors, suivons le conseil fameux, faisons la «courte et obscure». Parce qu'écrire un texte constitutionnel c'est fixer. Et le climat actuel n'est sans doute pas le plus favorable pour inventer, ouvrir, oser. On vient d'en avoir quelques exemples.
L'Europe ne connaît qu'un seul danger: s'arrêter. Je suis pour la «coopération avancée». A six, à douze ou à dix-huit, peu importe. Dans le sport, l'éducation, la recherche médicale... Ce qui compte, c'est de bouger, d'entreprendre. Je me suis permis un jour de dire au général de Gaulle, qui avait appelé l'ONU «le Machin», qu'à la différence de l'ONU l'Europe est une «machine». Nous avons besoin de moteurs, de moteurs qui tournent et entraînent.
Il y a quarante-quatre ans, les six pays fondateurs de l'Europe actuelle négociaient à Luxembourg puis dans la banlieue bruxelloise, à Val-Duchesse, ce qui sera la base et le cadre de tous les progrès suivants: la Communauté économique européenne, appelée aussi plus vulgairement le Marché commun. Les horreurs de la dernière guerre étaient encore si présentes qu'il n'y avait pas besoin de grands discours sur la nécessité d'une construction européenne fondée sur le rapprochement franco-allemand pour assurer la paix entre nous. D