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Libération

On peut toujours raver.

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publié le 9 juin 2001 à 1h12

Voici, vieille rengaine, que le plaisir est, sinon un péché, du moins un danger. C'est pour le bien des jeunes eux-mêmes qu'on veut réglementer les raves. Et aussi, il est vrai, pour celui du voisinage de ces gigantesques fêtes qui en subit les ordures et le bruit. Mais ce n'est pas l'habitude du gouvernement de légiférer à cause du simple désagrément de quelques riverains, sinon les avions ne décolleraient pas souvent de Roissy ou d'Orly et les engrais n'envahiraient pas nos sous-sols. Les raves sont devenues une question où sont obscurément mêlés l'ordre et la santé publics. Non seulement ces parties sont illégales, mais elles pourraient faire du mal à leurs participants.

La protection de la jeunesse n'a pas toujours bonne réputation. Dans la presse et l'édition, c'est en son nom qu'on peut tuer de fait des livres ou des revues par une censure sournoise, sans avoir ouvertement recours à une interdiction. L'amendement du député RPR Thierry Mariani, un temps repris par le gouvernement, ne prétend vouloir que plus de sécurité dans les raves. Personne ne peut en réclamer moins. Mais cette soudaine sollicitude est apparue comme une censure qui n'ose pas dire son nom. Les jeunes se sont inquiétés de ce brusque intérêt qu'aucun drame particulier ne justifiait. Leur amusement même leur a paru en danger. C'est un effet pervers de la dépolitisation de la société française: aujourd'hui, les jeunes préfèrent danser que militer dans une organisation trotskiste. A chacun son sens de la f