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Libération

Tunnel de résistance

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publié le 9 juin 2001 à 1h12

L'arrêté de classement de la Cité de la Muette à Drancy, signé par la ministre de la Culture le 25 mai, parle d'«un tunnel creusé par des internés». La presse a évoqué ce tunnel sans pour autant donner le nom de ceux qui l'ont fait. Nous sommes à l'heure actuelle neuf survivants (1) sur la quarantaine d'hommes qui se sont relayés nuit et jour pour creuser le sous-sol du camp de Drancy. Qui peut, mieux que nous, dire pourquoi nous avons conduit cette entreprise? D'origine française, hongroise, ou russe; étudiant, artisan, haut fonctionnaire ou artiste, ces hommes méritent mieux que le silence, l'indifférence ou la suspicion d'aujourd'hui.

Le projet consistait à creuser un tunnel, non pour quelques-uns (ce qui eut été plus facile et plus rapide), mais pour permettre l'évasion de tous les internés décidés à s'évader. Le projet était insensé, mais la raison avait-elle sa place dans ce camp?

Les premiers travaux furent entamés vers le 15 septembre 1943. L'équipe de base qui décida de l'entreprise était composée de Maurice Kalifat, René et Georges Geissmann, Roger Schandalow, Abraham Stern, ainsi que Claude Aron et moi-même qui assurions la codirection des opérations. Dans les jours qui suivirent, et au fur et à mesure des nécessités (évacuer la terre, boiser le tunnel, tasser la terre dans les caves), notre équipe devint de plus en plus importante.

Comment rappeler les noms de ceux qui, comme Juda Bacicurinsky et ses camarades, sachant qu'ils partiraient quelques jours plus tard, ac