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Libération

Lutte des classes et globalisation

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publié le 11 juin 2001 à 1h12

Certains, à gauche, ont une vision simple de l'économie. Ils y voient une économie de rentes, des rentes qui vont soit aux patrons, ou à ceux qu'ils représentent, les rentiers, soit aux travailleurs. Dans cette optique, quoi de plus normal pour les travailleurs que de tenter de s'approprier ces rentes, que ce soit par l'augmentation du salaire minimum, une protection accrue de l'emploi, etc. Les patrons, ou les rentiers, paieront.

La vision est simple. Et, de fait, il y a quelques décennies, elle n'était pas si loin de la réalité. Des salaires plus élevés chez Michelin impliquaient une augmentation du prix des pneus et, à défaut, une diminution des dividendes versés à la famille Michelin. De mauvaises nouvelles pour les automobilistes, et de mauvaises nouvelles pour la famille Michelin, mais non la fin du monde. Des salaires plus élevés chez Renault impliquaient une augmentation du prix des voitures Renault et, à défaut, une augmentation de l'aide de l'Etat à Renault. Dans les deux cas, des augmentations de salaires sans conséquences majeures sur l'emploi...

Le monde a changé. La globalisation a augmenté l'intensité de la compétition sur le marché des biens. Et cette compétition accrue ne permet plus aux entreprises de répercuter leurs propres augmentations de salaires à travers leurs prix. Sur les marchés mondiaux, Michelin est en compétition avec Goodyear, Firestone. Des coûts plus élevés, et les parts de marché de Michelin diminuent. Et, avec les parts de marché, l'emploi.