C'est le nouvel emballage des bouteilles d'Evian, une des marques liquides de l'agroalimenteur Danone. Danone, vous vous souvenez, est cette marque dont, dans un élan de virtuelle solidarité, le consommateur se proposa fin mars de boycotter les produits, après suppression de 570 emplois chez Lu, biscuitier du groupe... Ce «mouvement» éminemment citoyen est passé, bien sûr, comme une trottinette sur les trottoirs de la modernité, et, pour les «communicants» de la marque, le monde est redevenu rose comme une peau de bébé, et doux, et frais, dans la perspective de matins à nouveau calmes et joyeux pour l'actionnaire. Sur les rondeurs maternantes des bouteilles de verre servies au restaurant peut ainsi se lire comme un manifeste une Ode à la jeunesse, en cinq vers de mirliton à la métrique approximative, à la rime indigente et à l'idéologie normalement natalisto-consumériste. Apprécions: «Ecoute murmurer l'eau éternelle/Vole au-delà du temps où naît l'aurore/Ici viens boire à la source essentielle/Appelle au fond de toi l'enfant qui dort/Nourris ton corps de jeunesse nouvelle.» On aura identifié dans cet acrostiche (1) en décasyllabes titubants les «valeurs» de la marque et de l'époque, d'un jeunisme confusément écologique et redoutablement bêtifiant. Il ne saurait mieux signifier que les affaires ont repris chez Danone leur cours en Bourse jamais interrompu. Les boycotteurs du printemps s'en imprégneront avec un zeste d'amertume, peut-être, pour constater comme leur initiative
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