Sept ans après, la conscience française du génocide rwandais est loin d'avoir atteint l'âge de raison. Elle balbutie entre refoulement et indifférence. A la fois sidérée par l'horreur et s'empressant de récuser toute responsabilité, l'opinion publique s'est très tôt hâtée de n'y voir qu'un gros massacre tribal entre sauvages, une barbarie exotique. Depuis, le génocide a quasiment sombré dans l'oubli. Ses organisateurs courent toujours. Au Rwanda même, 115 000 suspects attendent d'être jugés pour 5 600 jugements rendus (source Avocats sans frontières, rapport 2000). La justice peut bien patienter!
Qui songe encore aux victimes du dernier génocide du XXe siècle? Qui s'interroge aujourd'hui, au-delà de quelques-uns, sur les responsabilités? Elles ne sont pas si difficiles à déterminer. Si, assurément l'Etat rwandais dirigé par Habyarimana puis le gouvernement intérimaire, d'avril à juin 1994, sont manifestement coupables, il dépend des recherches historiques à venir de fixer précisément les responsabilités de l'Eglise rwandaise et celles de la communauté internationale. Mais l'Etat rwandais pouvait-il seulement exister sans le soutien militaire et diplomatique français? Même le rapport de la mission d'information sur le Rwanda, soupçonnée de collaborer à l'anesthésie, le reconnaît. Le chapitre sur les «responsabilités» est accablant. D'où l'étonnement devant ce qu'il faut bien appeler sinon un révisionnisme, du moins un déni. Pourquoi ce silence si persistant, frère des autres s