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Libération

Mon Pivot

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publié le 21 juin 2001 à 1h18

A l'heure qu'on le béatifie, autant parler franc: je n'aime pas ce type. Considérons que l'affaire avait mal commencé, aussi... Prétendre promouvoir la littérature, même cathodique, «à la manière de» et sur fond de laudes au beaujolais et à l'AS Saint-Etienne, laissait augurer un pire qui advint inéluctablement avec, entre autres figures exemplaires, la surexposition de celles de Paulo Coelho (en piquette best-seller) et Jean d'Ormesson (en vert académique). Entre celui-ci et celui-là, il y avait Bernard Pivot. Je me souviens des décors en carton de ses premières Apostrophes, bien avant ses Bouillons de onze heures. De ses décors en faux livres, qui partirent, dit-on, aux enchères publiques, je m'étonnai que personne ne s'étonnât. Je me souviens, comme tout le monde, de quelques scandales (Télérama les conte avec un ravissement béat), quelques incidents jugés scandaleux mais subis, sinon applaudis, avec une bienveillance complice: ils assuraient le show en même temps qu'ils confortaient la réputation d'écrivains dont Pivot se demanda un jour s'ils étaient «des gens comme les autres» (bien sûr que non, niquedouille! Ce sont de grands fous métaphysiques!). Je me souviens cependant d'avoir une fois été bluffé, un soir où Vladimir Nabokov cabotina mieux que son hôte. Las... Sur ce souvenir heureux flotte, pour de suite le réduire à néant, celui de Valéry Giscard d'Estaing, traité avec les mêmes égards et plus, tandis qu'il énonçait, à propos de Maupassant et imperturbablement, d