Le catholicisme peut-il encore séduire la jeunesse? Et surtout la libérer du «jeunisme, une idéologie dangereuse qui enferme les jeunes générations dans un monde qu'elles doivent quitter». C'est le questionnement de Henri Madelin, théologien jésuite et figure phare de l'intellectualisme catholique, dans ce bréviaire projeunesse, sans prêchi-prêcha ni moralisme béni de certitudes. Directeur de la revue Etudes, l'auteur écrit: «Cet essai ne parle pas de la jeunesse, car un tel collectif n'existe pas [...] entre 15 et 30 ans, plusieurs types de jeunesses coexistent», critiquant au passage le holisme (approche globale de la société, du grec holos) d'un Bourdieu, pour qui «la jeunesse est un tout».
Eloge du doute, Jeunes sans rivages défend une certaine pensée catholique reconvertie en instrument d'analyse des dieux de l'époque et de sa liturgie consumériste. A l'aide de Kant, de Tocqueville et du penseur juif Buber entre autres, le père Madelin démontre comment une jeunesse à la dérive, victime du despotisme d'un individualisme fondé sur le «toujours plus au niveau des biens, qui infantilise les comportements», peut retrouver les élans très catho de gauche de religieux cherchant moins la visibilité du col romain que l'inscription dans le corps social. Bref, «l'amour du prochain dans le monde professionnel», litanie post-Vatican II, fer de lance des jésuites des années 70, tellement opposé à la radicalité du discours identitaire de l'actuel pontificat.
Pourquoi diable l'Eglise semb