Comme les Danois avant eux, les Irlandais se sont trompés et cette erreur en dit long sur l'Union européenne. On leur a demandé s'ils étaient d'accord sur son élargissement et ils ont dit non. Or la bonne réponse était oui. Mais on avait oublié de poser la question: «C'est votre dernier mot?» Alors, prétendument parce que l'abstention fut considérable, ce qui n'aurait gêné personne si le «oui» était arrivé en tête, les Irlandais revoteront et ils auront autant de jokers qu'il faudra jusqu'à ce qu'ils en arrivent à dire oui. On pourrait trouver le procédé cavalier. Si Jacques Chirac perdait la prochaine élection présidentielle et décidait qu'on allait en organiser une autre sous prétexte que c'était sa victoire qui était programmée, nul doute que ça provoquerait quelques remous. Il est vrai qu'une élection et un référendum ne sont pas exactement de même essence démocratique. N'empêche que l'affaire irlandaise fait désordre.
Ce qu'on comprend est que le droit de dire non, en Europe, ne s'applique qu'à l'égard de ceux qui sont à l'extérieur de l'Union et souhaitent y entrer. Quand on est déjà dedans, on ne peut plus dire que oui. C'est comme un train qui irait de plus en plus vite et dont on ne pourrait pas descendre, en voilà un abandon de souveraineté. Les Irlandais, qui ne sont pas fichus de s'entendre entre eux ils ont su créer à leur échelle un conflit Nord-Sud, ont peur que l'Europe ouvre la porte à des pays plus pauvres qu'eux, faisant du tort à leurs subventions. Cr