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Libération

Par les moustaches de Mamère

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publié le 23 juin 2001 à 1h20

Même si on ne connaissait pas le résultat de l'élection qui mercredi a désigné le candidat des Verts à la prochaine présidentielle, on aurait déjà un petit indice rien qu'en dénombrant les micros postés devant le personnage de gauche (sur la photo). Onze en tout et aucun devant le personnage de droite (toujours sur la photo). Donc c'est certain, par 11 à 0, Alain Lipietz a gagné et Noël Mamère a perdu. Les visages des deux hommes ne trompent pas non plus: confiture de joie sur celui de Lipietz, en peine mue radieuse, entre Francis Cabrel et Robert Redford, et déconfiture sur celui de Mamère, plus vert que Vert ce jour-là. De plus, c'est évident, l'un cause et l'autre pas. Du coup, on peut imaginer en phylactère virtuel les méditations silencieuses de Mamère («putain l'enfoiré!» et autres gracieusetés qu'on doit penser dans ces moments-là).

Et pourtant, c'est étrange, au détail près de la défaite muette de l'un et de la victoire parlante de l'autre, ils se ressemblent, Noël et Alain. La faute à quoi? A la moustache, bien entendu. Pour peu qu'on soit un homme de plus de 16 ans et demi, la décision de se moustacher, quoique perpétuellement réversible, est en effet un choix et peut avoir à cet égard valeur de distinction. Chez les gays par exemple, la folle dite à moustaches désigne une catégorie sexuelo-tribale très précise. Chez les communistes aussi, puisque honnie depuis qu'un certain petit père terrible du peuple fit de sa moustache le symbole arboré et abhorré du stalinisme