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Libération
TRIBUNE

Elkabbach, «thanatographe» audiovisuel

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par Jacques-Olivier BARTHES
publié le 25 juin 2001 à 1h20

La polémique qui s'est fait jour concernant les droits d'auteur et au-delà le statut des Conversations avec un Président de Jean-Pierre Elkabbach, diffusées sur France 2 du 3 au 10 mai, a permis de mettre l'accent sur le caractère ambigu de ce documentaire. Sommes-nous en présence d'un document à portée historique, pour lequel un des journalistes politiques français les plus connus recueille les réflexions d'un chef de l'Etat sur l'exercice du pouvoir, ou, tout simplement, devant une banale opération de communication à finalité hagiographique? Derrière cette interrogation, c'est le statut du journaliste et son rapport au pouvoir qui sont une nouvelle fois remis en question. Que reproche-t-on implicitement à Jean-Pierre Elkabbach? Pour le dire clairement, on lui reproche ni plus ni moins que la confusion des genres, d'avoir franchi la ligne rouge de la déontologie journalistique et de semer à nouveau le doute sur les liaisons «dangereuses» entre journalistes et hommes politiques.

On ne peut qu'être surpris devant les cris d'orfraie poussés par certains de ses confrères. En effet, l'entreprise n'apparaît en rien surprenante. On sait qu'à l'instar du général de Gaulle, François Mitterrand a été précocement soucieux de la mise en scène de son personnage public et de la gestion de sa postérité. Homme de verbe ­ il a été avocat ­, homme de lettres ­ outre sa culture littéraire rare, il se présente parfois comme ayant été journaliste faute de pouvoir se prétendre écrivain ­ tout au