Ce pourrait être un beau procès, avec en tête d'affiche Victor Hugo, dont la société des amis et les héritiers réclament en justice et à l'éditeur Plon une forte réparation pour un Cosette ou le temps des illusions, premier volume d'un diptyque signé François Cérésa et vendu comme une «suite» des Misérables. A sa manière, il ouvrira mercredi les festivités commémoratives puisque, dans quelques mois, lorsque ce siècle aura deux ans, sera célébré le bicentenaire du barbu monumental. Atteinte au droit moral, contrefaçon, attentat contre l'intégrité de l'oeuvre et crime de lèse-majesté, autant de plaintes que Cérésa pourrait regarder comme autant d'hommages à son long pensum... Mais les propos d'un Pierre Assouline ou d'un Max Gallo, tonnant dans le Figaro contre «un produit (qui est) le contraire de la littérature» ou «une idée commerciale et un procédé marketing» peinent à intéresser la partie. Vrai que, venant de ces deux-là, la charge contre une production éditoriale artificielle devrait ne faire que sourire. Elle aura paradoxalement le mérite de dresser, au prétexte d'un vain procès, l'état des lieux de ce que ces MM. Le Lay, Messier et consorts, pilleurs de patrimoine sous prétexte de le vulgariser, estampillent «culture populaire». Comme si tous ceux-là ignoraient que, pour le plus grand nombre et concernant le seul Victor Hugo, Notre-Dame de Paris est autre chose que, au choix, une comédie musicale ou un dessin animé, et les Misérables une production de TF1.
Sous prétexte