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Libération
Critique

Kissinger, présumé coupable idéal

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publié le 27 juin 2001 à 1h22

Henry Kissinger, ex-secrétaire d'Etat sous les présidents Nixon et Ford, titulaire du prix Nobel de la paix 1973, et personnalité richissime et recherchée dans le monde entier pour ses conseils de docteur en géopolitique, a récemment jugé plus prudent d'écourter un séjour à Paris. Il y avait été convoqué par un juge comme témoin dans une action en justice visant l'ex-dictateur chilien Augusto Pinochet. Dans son dernier opus, le Dr Kissinger (1) dit tout le mal qu'il pense des poursuites engagées contre Pinochet, comme de tout autre rêve de jeter les bases d'une justice internationale devant laquelle pourraient être traînés d'anciens dirigeants politiques sommés de rendre des comptes pour leurs années au pouvoir.

On comprend mieux les raisons de son hostilité à l'idée d'un tribunal international quand on parcourt le pamphlet du journaliste britannique Christopher Hitchens. Ce dernier, star flamboyante et controversée du microcosme médiatique washingtonien, ex-journaliste de la très à gauche revue britannique New Statesman, devenu chroniqueur au très glamour magazine Vanity Fair, ne s'embarrasse pas de détails, ni de la rigueur qui devrait présider à un travail d'historien ou de journaliste (des défauts que n'arrange pas une traduction française calamiteuse). Il veut faire croire qu'il a l'audace de briser une idole intouchable, en la personne de l'archétype de l'«expert» et homme de pouvoir qu'est «le Dr K.»

Mais les Crimes de monsieur Kissinger ne sont qu'une compilation, parf