A l'heure où l'assemblée générale de l'ONU se penche sur les 22 millions de morts du sida, voilà un ouvrage décapant. Certes, un brin austère, par bien des côtés universitaire, avec une série de contributions de différents chercheurs et politiques, ce travail pose cependant une question centrale: pourquoi, à l'heure de la mondialisation, les inégalités de santé dans le monde ne font que croître?
Car l'histoire de la santé dans le monde n'est pas celle du verre à moitié vide ou à moitié plein. C'est le verre vide, ou le verre plein. «Jamais dans l'histoire de l'humanité on n'a assisté à une telle amélioration de l'état de santé qu'au cours des cinquante dernières années... Au même moment, ailleurs dans le monde, des centaines de millions de personnes ont une espérance de vie qui ne dépasse pas 50 ans. D'un côté, dans les pays de l'Union européenne, l'espérance de vie sans incapacité progresse régulièrement d'une année tous les quatre ans. De l'autre, elle a baissé de plus de sept années en Russie entre 1985 et 1993.»
Et Jean-Daniel Rainhorn fondateur du Credes (1) et aujourd'hui professeur de santé publique à l'université de Hanoï , qui a coordonné cet ouvrage, de noter, non sans effroi: «C'est un phénomène qui ne s'était jamais produit en temps de paix. On peut se demander si, en dehors des pays riches, les progrès scientifiques contribuent véritablement à l'amélioration de la santé, tant les problèmes de santé semblent plus relever de l'environnement socio-économique et cu