Eprise de démocratie, auteur de deux essais historiques et docteur en histoire, donc habituée aux débats contradictoires et à la rigueur des sources, j'avoue ne pas comprendre l'«affaire Aussaresses». Que l'on mette à plat les horreurs de la guerre d'Algérie, soit, et c'est salutaire.
Que la dénonciation desdites horreurs soit brutalement unilatérale, comme si la France devait à jamais cultiver la haine de soi, que des polémistes en appellent à un nouveau tribunal de Nuremberg, cela ne peut me laisser indifférente. Des milliers et des milliers de pieds-noirs et de harkis furent eux aussi torturés. Il ne s'agissait pas toujours de combattants, il y eut les épouses, les gosses, les vieillards, les gens qui se trouvaient là. Etait-ce une raison suffisante pour les massacrer? Je n'ai pas pour habitude de faire l'amalgame, d'opposer les chiffres des victimes. L'honnêteté historique consiste à interroger l'écrit et l'oral, à consulter les archives, à travailler, à réfléchir honnêtement, enfin à juger.
La guerre d'Algérie ne se résume pas aux simples aveux du général Aussaresses. Il y a 100 000 assassinés qui réclament une relecture de la tragédie, au-delà des tranchées, du coup de feu qui part du camp d'en face. La rencontre d'un homme ligoté et de son vainqueur du moment ne peut donner lieu à un panégyrique de tel ou tel moyen de torture. Cette rencontre se lit à travers l'histoire d'un conflit, de l'innocence de ceux qui existaient simplement en tant que peuple, ou du secret guerr