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Libération

Internet de Damoclès

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publié le 28 juin 2001 à 1h22

Belle sortie, ce week-end, de David Blunkett, le ministre britannique de l'Intérieur: «Nous ne sommes pas dans le Midwest du XIXe siècle; nous sommes en Grande-Bretagne, au XXIe siècle. Nous allons traiter cette affaire (...) de façon civilisée.» C'est ainsi que nous aimons les Anglais; à travers la foi inaliénable qu'ils vouent à leurs institutions. Il faut pourtant craindre que leur flegme ne sorte pas indemne de la libération annoncée de Jon Venables et Robert Thompson qui, âgés de dix ans à peine, avaient en 1993, à Liverpool, enlevé, torturé et battu à mort James ­ «Jamie» pour les tabloïds ­ Bulger, deux ans. Après huit années de prison, les deux ados sont appelés à retrouver une liberté qui traumatise une partie de l'opinion autant qu'elle les terrifie eux-mêmes, malgré anonymat et protection que la justice leur a promis, sans cependant être assurée de les garantir. Car avant même leur sortie de prison, des furieux hurlent à leur mort, qui ont lancé leur traque. L'histoire n'est pas sans rappeler celle de Mary Bell, meurtrière de 11 ans et de deux gamins, en 1968; après douze années de prison, Mary Bell fut libérée sous une nouvelle identité; en 1998, un livre consacré à son affaire a permis aux limiers de la presse «populaire» de la débusquer. Depuis, Mary Bell, placée en permanence sous protection policière, a appris qu'elle n'a pas fini de payer. Le même sort est promis aux deux de Liverpool. En pire. C'est que, depuis l'affaire Mary Bell, la «civilisation» s'est e