Le débat actuel sur la réglementation des raves qui intervient au moment où le gouvernement présente ses propositions sur la sécurité au quotidien tend à accréditer l'idée que cette question relèverait d'un affrontement entre, d'une part, les tenants d'un encadrement autoritaire de l'espace public et de la jeunesse et, d'autre part, ceux qui mettraient en garde «contre une dérive sécuritaire» et défendraient une vision plus «libérale» de la société. Cette présentation, nécessairement caricaturale dans le contexte préélectoral, occulte le véritable enjeu, qui déborde largement la seule question des fêtes techno. Il s'agit d'engager un débat sur le rapport à la liberté des citoyens dans leurs pratiques sociales et des loisirs et sur le rôle de l'Etat dans le domaine de la santé publique et de la protection de ces mêmes citoyens.
La réglementation est-elle une menace ou, au contraire, doit-elle se comprendre comme une protection à l'égard des plus démunis et des mineurs?
Le choix de la régulation de la vie sociale par la puissance publique nous renvoie au modèle d'un Etat responsable des corps et de la santé des citoyens, déjà préconisé par Emile Durkheim. La réglementation des free parties et celle des pratiques sportives à risques (snowboard hors piste, saut à l'élastique, courses sur route de longue durée, etc.), de la conduite automobile et de ses dérives (rodéo, excès de vitesse) sont les exemples d'un service public «en acte» dans un souci de respect de l'intégrité phys