La proposition de révision constitutionnelle adoptée par le PS est la fois dangereuse et inutile. Dangereuse, car elle porte atteinte à la séparation des pouvoirs, en plaçant l'exécutif sous la dépendance de l'autorité judiciaire.
Mais elle est surtout inutile, car elle ne peut aucunement résoudre les situations les plus attentatoires à la dignité présidentielle. Supposons par exemple qu'un viol sur mineur ait été commis il y a vingt-cinq ans. L'enquête n'a pas permis de découvrir le coupable, et l'instruction a été close. Puis tout à coup, l'analyse d'ADN permet de découvrir l'odieux coupable: c'est le président de la République lui-même. Le scandale serait immense, mais les faits seraient prescrits. Le Parlement peut modifier dans tous les sens l'article 68 de la Constitution: aucune poursuite ne pourrait plus être engagée contre le chef de l'Etat.
Et pourtant, en pareille hypothèse, le scandale obligerait le locataire de l'Elysée à plier bagage sous la pression de l'indignation populaire. Admettons cependant que ce dernier s'accroche à son mandat: il existe une autorité qui peut démettre d'office le président de la République: c'est le Conseil constitutionnel statuant à la majorité absolue.
L'article 7-4 de la Constitution est en effet parfaitement clair: «En cas de vacance de la présidence de la République pour quelque cause que ce soit, ou d'empêchement constaté par le Conseil constitutionnel saisi par le gouvernement et statuant à la majorité absolue de ses membres, les f