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Libération
TRIBUNE

Pour une cogestion à la française

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publié le 9 juillet 2001 à 0h01

Les crises ont du bon. Elles permettent de débloquer des dossiers sans rapport direct avec l'objet de la crise et qui paraissaient désespérément enlisés. Pour limiter les dégâts causés par l'affaire Danone-Marks & Spencer, le gouvernement vient d'ouvrir le débat sur la présence des représentants des salariés (en tant que tels et non en tant qu'actionnaires salariés) au sein des conseils d'administration des entreprises. Un tournant car, jusque-là, le gouvernement de Lionel Jospin misait uniquement sur l'actionnariat pour faire entrer les salariés dans les instances dirigeantes des sociétés. La loi sur les nouvelles régulations économiques incitait, en effet, les entreprises à nommer des administrateurs actionnaires salariés et celle sur l'épargne salariale comportait plusieurs dispositions en faveur de l'actionnariat salarié. Pourtant, la voie d'une «cogestion à la française» paraît beaucoup plus prometteuse que celle, vouée à l'échec, de l'actionnariat salarié.

Tout d'abord, l'actionnariat salarié constitue une aberration sur le plan de la prudence financière. En acceptant d'être employé par une entreprise, un salarié prend un risque: celui de perdre son emploi si l'entreprise connaît de graves difficultés ou, à tout le moins, celui de connaître une carrière peu favorable si son dynamisme est limité. L'actionnariat salarié revient à lui demander d'ajouter à ce risque celui de perdre une partie significative de son patrimoine financier. Une démarche opposée à la prudence fina