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Libération
TRIBUNE

La fin du Tour d'enfance

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publié le 26 juillet 2001 à 0h10

Le sport cycliste traverse une tourmente dans laquelle il joue sa survie. Malgré toutes les récentes révélations sur l'état avancé de décomposition de ce sport, nul ne peut oublier la magie du Tour de France. Cet envoûtement, pourtant, ne se conjugue plus qu'au passé: on se souvient, sur les modes oniriques et nostalgiques, des Tours d'antan et de leurs étoiles, des Tours des temps révolus, ceux de Fausto Coppi, de Fédérico Bahamontès et de Charly Gaul. Ils laissent dans la mémoire la trace, peut-être trompeuse, de Tours infiniment plus humains malgré l'inhumanité de l'effort exigé des coureurs. Le cyclisme en général, et le Tour de France en particulier, sont affectés d'un caractère d'exceptionnalité. D'autres sports peuvent se vanter d'avoir de profondes racines populaires (le football en Angleterre, le rugby dans le Midi de la France), aucun cependant n'est parvenu à profiter de cette popularité pour tisser un lien aussi puissant avec l'enfance et ses rêves, que le sport cycliste. Chacun pense au Tour de France comme au paradis perdu des contes de grand-mère, dits au coin du feu ou égrenés au pied du lit.

Quel est le sens de l'ouragan qui emporte le cyclisme vers un avenir improbable? Le Tour de France s'est défait, ces vingt dernières années, de son caractère onirique et poétique, pour devenir une machine à spectacle où l'on peut lire l'essence générale du sport: un modèle réduit du capitalisme. La mutation récente du Tour de France s'est faite en symbiose avec l'«horreur