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Libération
TRIBUNE

Qui a peur de Karadzic et de Mladic?

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publié le 2 août 2001 à 0h19

Qui aurait cru, au lendemain de la signature des accords de Dayton en décembre 1995, que Slobodan Milosevic rejoindrait les geôles de La Haye avant Radovan Karadzic et Ratko Mladic? A Paris, lors de la signature du texte, le président serbe était alors cordialement félicité par les Occidentaux (Jacques Chirac, Bill Clinton et John Major) pour sa contribution au retour de la paix en Bosnie. Les deux responsables bosno-serbes, eux, n'avaient pas été conviés. Déjà inculpés par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) pour leur responsabilité dans les massacres de Srebrenica ­ dont on vient de commémorer le sixième anniversaire ­, ils auraient été immédiatement arrêtés.

L'impunité dont ils continuent de bénéficier aujourd'hui n'est pas seulement insupportable pour les familles des victimes qui ne peuvent toujours pas entamer leur deuil. Elle donne aussi de solides arguments à tous ceux qui, ici ou en ex-Yougoslavie, accusent le TPIY d'être un instrument politique aux mains des puissants, les Occidentaux. Autrement dit, d'être la justice des vainqueurs.

Car les Occidentaux, s'ils le voulaient et s'ils étaient prêts à prendre le risque de perdre des hommes, pourraient les arrêter. Depuis le début de leur déploiement dans la région (hiver 1995-1996), les forces de l'Otan surveillent étroitement les deux hommes. Une cellule de planification et de renseignement a même été mise en place par les alliés, dès 1997, à Stuttgart (Allemagne), pour centraliser les informati