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Libération

Le bruit de la Seine...

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publié le 6 août 2001 à 0h20

Un clapotis et un glissement calmes et fermes, un peu soulignés par le ronron sourd de la ville que les murs des quais atténuent. Les berges de la Seine sont fermées au trafic automobile jusqu'au 15 août et je me rends compte que c'est la première fois que j'entends l'eau de ce fleuve. Peut-être que personne n'a entendu la Seine à Paris depuis plus de trente ans. La cloche de l'horloge de la Conciergerie abonde dans mon sens en venant se marier avec le bruit de l'eau.

Je sens que quelque chose s'est passé. Que des politiques un peu moins ternes sont au pouvoir. Bien sûr, il reste toujours la peur inconsciente de voir débouler une voiture plein pot. C'est dur de se rééduquer à marcher sur une autoroute. Bien sûr, l'accès est difficile car il n'y a que peu d'escaliers. La promenade est obligatoirement celle du flâneur. La personne qui travaille n'a pas le temps de chercher les accès et l'endroit où elle doit remonter pour rejoindre son itinéraire normal. Peut-être faudra-t-il aménager quelques escaliers en structures légères. Le flâneur, lui, manque de bancs pour écouter l'eau.

J'entends les klaxons au-dessus. Ils me semblent loin, d'un autre monde. D'un monde d'ulcères et de mauvaise humeur. Je sais qu'au moins une fois ce mois-ci je devrai prendre ma voiture pour faire une livraison, là-haut dans les gaz d'échappement. Mais ce ne sera qu'une fois. Quand ce sera vraiment nécessaire. J'aurai sûrement ma dose d'énervement. Mais jamais elle ne remettra en cause l'envie d'entendre