Je débarque d'une crique perdue où j'écris mon livre sur Dieu (Nom de Dieu). Avant de repartir et plutôt que d'y aller d'une bonne giclée sur les réseaux d'influence qui médiocrisent la culture (ce sera pour la rentrée), je laisse venir. Courrier, journaux, films...
Amitié. Une proche m'écrit qu'elle en a marre que son amie ait par à-coups la même conduite étrange. Ça l'agace. Eh oui, l'amitié, comme l'amour, bute ou explose sur le symptôme de l'un quand l'autre «ne peut plus supporter». Sous le coup de son propre symptôme? ou de l'envie de se libérer?
Autrement, le secret de l'amitié et sa valeur, c'est qu'elle est un jeu à deux, une scène découpée dans le chaos du monde et posée là, comme un havre. Cette position est elle-même un acte d'amour, amour de soi et de son double; ou de soi à travers son double. On se lèche le portrait avec délice; parfois, il y a un goût amer.
C'est aussi sa valeur qui fait sa fragilité: c'est qu'à un moment l'un des deux ne joue plus ou pense qu'il n'en a plus envie, et cette pensée, l'autre la sent. Elle «passe», et ça éclate, ça fait des fentes par où le symptôme (de l'un ou de l'autre) s'engouffre. Et alors, c'est selon la chance, la force de traverser l'épreuve. C'est selon l'amour de l'être: on traverse le symptôme ou c'est lui qui vous traverse, comme une épée. Enfin, il traverse l'amitié, il embroche les deux acteurs. (Qui n'en meurent pas.) Le plus souvent, c'est un symptôme narcissique. Même inconscient. Par exemple, l'une des deux amie