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Tribune

Dans le néant de «Loft Story»

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par Michaël MAJSTER
publié le 13 août 2001 à 0h23

L'incroyable polémique que nous avons connue autour de Loft Story s'est essentiellement attachée à l'aspect social et économique de cette émission que certains ont qualifiée d'attentatoire à la dignité humaine voire de «totalitaire». Rarement un tel engouement aura été observé pour un programme télévisuel et pour lequel même Baudrillard, après deux années d'absence dans les colonnes de Libération, a pris la plume pour nous faire part de son sentiment. L'on devra au moins à ASP (producteur de l'émission, ndlr) ce plaisir.

Mais en marge de l'ensemble des propos tenus sur Loft Story, nous voudrions souligner ici, en termes essentiellement juridiques, un aspect du «phénomène» qui peut en traduire la singularité. De nombreux réalisateurs se sont évertués à créer du «vrai», à filmer au plus proche de la réalité et ce tant par l'utilisation de techniques cinématographiques spécifiques (Caméscope «à l'épaule», comédiens amateurs, bandes sonores minimalistes, etc.) que par le traitement de sujets proches des «gens». Non sans contradiction, ces films sont qualifiés de films d'auteurs, avec comme sous-entendu qu'ils bénéficient d'une qualité artistique ou intellectuelle supérieure.

Lorsqu'un programme audiovisuel de fiction propose une illusion quasi parfaite de la réalité, personne ne niera qu'il constitue une oeuvre originale protégée à ce titre par le code de la propriété intellectuelle et relevant ainsi d'un statut particulier: celui de l'oeuvre de l'esprit. Son auteur, essentielleme