La multipolarité et l'antiaméricanisme sont à la mode aujourd'hui en Europe et surtout en France. Mais l'on peut se demander si ces principes servent les intérêts de notre continent en Asie orientale, une région de plus en plus nettement dominée par la confrontation entre les Etats-Unis et la Chine populaire.
Depuis l'effondrement de l'Union soviétique, la Chine populaire a progressivement réévalué sa stratégie extérieure. Très attaché à l'approche dite classique des relations internationales selon laquelle l'équilibre des forces prime avant tout, Pékin a rapidement élevé les Etats-Unis, la seule superpuissance restante, au rang de menace extérieure principale. Menace avant tout à son projet de réunification avec Taiwan par le moyen d'une évolution en sa faveur du rapport des forces militaires dans le détroit de Formose. Menace également à sa volonté de restaurer le magistère autrefois exercé par l'empire du Milieu en Asie orientale. Dans le même temps, la Chine populaire s'est efforcée de rallier à elle, dans une stratégie de front uni qui lui est coutumière, tous les pays qui, à des degrés divers, ont des choses à reprocher aux Etats-Unis.
Que la Chine cherche à retrouver une influence régionale à la hauteur de sa puissance économique réelle et non supposée, cela paraît inévitable et à long terme probablement souhaitable. Mais aujourd'hui, les moyens que les responsables du PC chinois mettent en oeuvre pour atteindre cet objectif tendent plus à accroître qu'à réduire les fac