Rappelons cette banalité de base, qui n'en est pas moins lourde de conséquences, l'individu rationnel et maître de lui est le fondement de toute la culture moderne et de ses diverses théorisations. Or, ainsi que le montre la multiplication des affoulements postmodernes, c'est bien un tel sujet «plein», sûr de lui, qui tend à s'estomper. En effet, dans le «creux» que représentent tous ces rassemblements, ce qui prévaut est la communion, l'engloutissement, la néantisation du sujet. C'est cela la leçon essentielle que nous donnent les divers phénomènes techno: déraciner l'ego.
En ces moments paroxystiques, seul existe le désir du «groupe en fusion». Faire, penser, sentir comme l'autre. Sans vouloir jouer du paradoxe, on peut rapprocher cette pulsion vers l'autre des diverses extases qui ont marqué toutes les religions. Pour celles-ci, il faut créer le vide total et se nicher dans ce vide pour accéder, au-delà du petit soi individuel, à une entité plus globale: celle de la communauté, celle de l'union cosmique au tout naturel.
Le vide de la communication verbale, celle de la raison, permet une autre communication, plus horizontale, plus silencieuse, ou, ce qui revient au même, plus bruyante, en tout cas plus globale en ce que les sens y ont leur part. Ne l'oublions pas, les grandes expériences extatiques interviennent dans le silence absolu ou dans le vacarme du tonnerre. Ainsi, on peut comprendre le «vide» et les techniques musicales comme une participation à l'entièreté de l'êtr