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Libération
TRIBUNE

Organismes médiatiquement modifiés

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publié le 7 septembre 2001 à 0h44

A défaut d'avoir convaincu les agriculteurs de l'efficacité des organismes génétiquement modifiés (OGM), et surtout les consommateurs et les citoyens de leur innocuité sanitaire et environnementale, les firmes biotechnologiques relancent depuis quelque temps l'argument sensible de la faim dans le monde. Quoi ? Sous de fallacieux prétextes d'enfants gâtés et repus, nous, Européens, condamnerions à la faim et à la misère les populations du Sud. Le discours est connu, certains lobbies agricoles nous l'ont servi à maintes reprises: «Contraindre nos capacités de production, c'est abandonner à leur sort les populations faméliques qui apparaissent régulièrement dans les journaux télévisés, précisément à l'heure du repas.»

Ce qui est nouveau, c'est l'oreille étonnamment complaisante que ce discours trouve désormais du côté de certains décideurs politiques, comme le Premier ministre dans son discours de rentrée la semaine dernière, ou d'institutions internationales comme le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). L'argumentaire «médiatiquement correct» déployé par les firmes agrochimiques ne résiste pas à l'examen des faits.

La production agricole est suffisamment importante pour répondre aux besoins alimentaires. Toutes les études économiques montrent que la solution au problème de la faim dans les pays en développement repose sur les capacités de ces pays à produire leur propre nourriture. En outre, le problème de l'alimentation est lié à un manque de pouvoir d'acha