J'exerce la coupable profession de réalisateur de télévision. Il y a deux ans, j'ai tourné pour Arte un documentaire, L'argent ne dort jamais, diffusé dans une soirée thématique consacrée aux marchés financiers.
Pour cette émission, j'ai sollicité de James Tobin un entretien. Bêtement, j'étais persuadé qu'il allait me recevoir à bras ouverts. Point du tout! Ma nationalité française m'a valu un accueil téléphonique glacial. Puis j'ai dû promettre que je n'avais rien à voir avec Attac. Enfin, il m'a fallu me soumettre à une bonne demi-heure d'examen de passage économique... Il est probable que mes réponses ont été les bonnes, car James Tobin a fini par m'accorder son autorisation non sans signaler qu'il était tout à fait exceptionnel qu'il la donne à un Français...
Je me suis donc véhiculé à Yale, dans le Connecticut, ou j'ai filmé pas loin de 90 minutes d'entretien. En gros James Tobin y explique:
1) qu'il aimerait bien que les militants français qui préconisent l'instauration de sa taxe lui trouvent un autre nom que le sien...
2) que, contrairement à eux, lui, James Tobin, est un chaud partisan de la liberté des échanges et du commerce international;
3) qu'il estime que la mondialisation est une circonstance historique positive et une chance pour le développement des pays émergents;
4) que la taxe qu'il préconise n'est qu'une mesure technique de gestion des marchés financiers visant à en diminuer la volatilité par le renchérissement du prix des allers-retours immédiats ultraspécul