En évoquant les dangers provoqués par l'introduction de l'euro le 1er janvier, on nous parle du plus gros transport de fonds de l'histoire et des risques que des camions soient attaqués. Bien sûr, on espère qu'aucun convoyeur ne paiera de sa vie cet événement financier et que rien n'attentera aux intérêts des banquiers, ces gens tellement sympathiques et généreux qu'on aime tant. Mais ce qu'on redoute vraiment, personnellement et de manière quasiment irrationnelle, c'est un éventuel bug de l'euro, c'est de se perdre dans la conversion, d'être payé 6,56 fois moins tandis que tout nous coûterait 6,56 fois plus.
Il y a quelques mois, on voyait, dans un dessin humoristique, une vieille dame dire à son amie: «C'est très simple, un euro égale six francs cinquante-six», à quoi sa compagne égarée répondait: «Six francs cinquante-six anciens ou six francs cinquante-six nouveaux?» Est-ce parce qu'il aurait désormais fallu recruter les candidats à Polytechnique que TF1 arrête le Juste Prix? Avant la grande peur de l'an 2000 et la crainte de voir une épidémie d'explosions d'ordinateurs, les médias mettaient en avant les risques d'une telle opération qui ne s'était jamais produite. Tout s'était en définitive passé merveilleusement, en particulier pour les bénéfices des sociétés chargées de mettre à jour les programmes d'ordinateurs. Pour l'euro, on ne cesse de nous rassurer (sans même nous préciser comment le sigle de l'euro intégrera soudain les claviers de nos machines personnelles). C'