Que comprendre à ce nouvel épisode de la guerre entre lacaniens pur jus et freudiens arc-boutés ? (1). Question d'autant plus vive qu'il semble y avoir là beaucoup de bruit pour pas grand-chose, ni rien de bien neuf : ce n'est pas la première fois qu'on entend ou lit, en provenance d'un membre de l'International Psychoanalytic Association (IPA), une dénonciation outrée du manque de sérieux des lacaniens. Dans sa Lettre à l'opinion éclairée, Jacques-Alain Miller répond :«[...] la formation lacanienne, pour être moins formaliste que celle de l'Internationale, est d'autant plus exigeante», écrit-il. Formule à laquelle on peut souscrire, surtout si l'on n'ignore pas, comme d'ailleurs les membres eux-mêmes de cette Internationale le disent et l'écrivent noir sur blanc, que cet ensemble de règles inapplicables et d'ailleurs inappliquées, censées garantir la formation du psychanalyste, joue fort souvent à rebours de ce en quoi consiste essentiellement cette formation, à savoir la propre analyse du futur psychanalyste.
L'enjeu de l'actuel débat serait-il là ? Ou dans la conquête d'un marché? Mais ces enjeux sont permanents (au moins depuis 1963, date de la séparation du mouvement lacanien d'avec l'IPA), lancinants, et l'on ne voit pas, s'il s'agissait seulement d'eux, qu'ils puissent produire la vivacité ni l'actualité du présent affrontement. Sans donc négliger ces registres, je voudrais tenter d'indiquer que l'affaire est aussi, en sous-sol, de doctrine, même si ce terme est aujour