Samedi
Il ne faudrait pas rentrer
Il ne faudrait jamais rentrer. La tentation de rester sur la côte américaine a été très forte cette année; si l'école des enfants ne m'y avait obligée, je serais peut-être toujours dans cette campagne au bord de la mer, à bouder le téléphone, la télévision et les journaux, à vivre au rythme des marées, à me lever avec le soleil, à relire Zweig, Virginia Woolf et Carson McCullers, à écouter Mozart, Craig David, Tom Jones et à écrire. S'éloigner de la vraie vie, tentation des écrivains, toujours en vacances, mais jamais vraiment. Où est-on mieux pour écrire? Là où on peut se monter le bourrichon. C'est Flaubert qui le dit. J'aime les vacances pour toutes les heures qu'elles offrent aux promenades de l'esprit. Faire ses exercices d'illusion comme une gymnastique, loin de tous les repaires habités. La vraie vie pour un romancier, c'est d'en fabriquer de fausses. Il y a quelque chose de factice dans les vacances qui nous permet de découvrir des vérités, et quelque chose de provisoire qui nous laisse sur le qui-vive. A la fin du mois d'août j'ai terminé Fringues, mon prochain roman, sur l'apparence.
Je n'aime pas regarder la télévision. Peut-être parce qu'elle ne me ramène qu'une foison de mauvaises nouvelles. Au Journal de 20 heures, PPDA semble confirmer une fois sur deux la célèbre théorie de Shakespeare: celle «d'une histoire pleine de bruit et de fureur, racontée par un idiot et qui ne signifie rien». Un kamikaze palestinien entraîne dans la mor