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Libération
TRIBUNE

Les découvertes de l'Amérique

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par André BERCOFF
publié le 24 septembre 2001 à 0h54

Dix jours après le séisme, à l'Extrême-Occident, rien ne va plus. De San Francisco, où je me trouve, la télévision, la presse et les personnes rencontrées un peu partout, même et surtout si elles n'ont pas été touchées directement par l'attaque la plus cauchemardesque qu'ait connue l'Amérique, témoignent d'un pays soudain retourné comme un gant. Il est permis d'esquisser l'inventaire de ce qui ne sera jamais plus comme avant.

L'isolationnisme yankee est à ranger définitivement au magasin des accessoires. Chacun savait, en effet, que depuis la raclée vietnamienne, les Américains, dans leur majorité absolue, se fichaient pas mal de tout ce qui pouvait se passer en dehors de leurs frontières. L'étranger n'existait que comme prétexte à tourisme express, «si c'est mardi nous sommes à Bruxelles». La place dévolue à la politique internationale dans les journaux télévisés était passée, en trente ans, de 35 % à 2 %. Il en était de même pour la quasi-totalité de la presse écrite. Nombre de dignes élus du Sénat et de la Chambre des représentants se flattaient publiquement de ne point posséder de passeport. L'Amérique n'avait pas besoin du monde, puisqu'elle en était le centre, le modèle, le théâtre des opérations spectaculaires et marchandes que la planète entière rêvait d'imiter.

Certes, çà et là, des piqûres de moustiques venaient déranger le géant, mais cela se passait à des milliers de kilomètres. Si on leur avait posé la question il y a un mois, 99 % des Américains auraient affirmé