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Libération

Paranoïa

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publié le 26 septembre 2001 à 0h56

Naturellement, chacun, à sa façon socioculturelle et plus ou moins sereine, réinvente Nostradamus, dont les prophéties s'érigent en piles hautes comme des gratte-ciel dans les librairies new-yorkaises... Normal. Avant l'état de guerre, il y a la peur de tout. Oh, le raffut que fit et les angoisses que charria cette dépêche, en provenance de Tokyo et relayée par Reuters, à propos de menaces d'autres assauts, à coups cette fois de bacilles et de manteau nucléaire (ou chimique ­ c'est fonction du goût de chacun)! En cet état de psychose paranoïaque, pour un peu, nous eussions tous été toulousains; et lundi, l'espace d'un vertige après l'annonce par les autorités yankees de l'interdiction d'épandage des champs végétaux par avion, tous Cary Grant dans North by Northwest (la Mort aux trousses), toussant nos tripes à quatre pattes dans du maïs qu'un aéronef malveillant arroserait de pesticide, ou autre maléfique substance...

C'est un état dangereux que cet état. A Toulouse comme à Manhattan, à Kaboul comme à Karachi, il fait voir des pillards partout; en cet état, le pillage se paie cash ­ six mois ferme en Haute-Garonne, une balle dans la tête au Pakistan. Comme à Londres, on songe, sous nos latitudes, à reconsidérer et à harmoniser dans un sens peu magnanime la législation antiterroriste, en serrant au passage le col des libertés publiques.

Avec cette peur au ventre et cette déraison au front, on vote, aussi... A l'occasion d'un scrutin régional à Hambourg, on a ainsi voté dimanche