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Libération

La vie humaine des uns, la vie humaine des autres

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publié le 29 septembre 2001 à 0h58

Le «respect de la vie humaine» ­ expression familière des militants antiavortement ­ dont on nous rebat les oreilles depuis le 11 septembre est une notion noble mais imprécise. Corrigée des variations saisonnières (géographiques ou historiques), elle s'applique de manière très différente aux Américains travaillant au World Trade Center, aux Irakiens bombardés pendant la guerre du Golfe (et après) ou aux habitants de Sierra Leone. On sait qu'ils sont censés naître ainsi, mais les hommes meurent-ils égaux? Combien les Américains sont-ils prêts à faire de morts pour venger les leurs? C'est le syndrome euro: on a tendance à tout convertir. De même qu'un dollar représente une flopée de roupies, de même un Américain n'équivaudrait-il pas dans notre esprit à des centaines de Rwandais? La guerre hutus-tutsis, malgré le gigantisme de la tuerie, a moins fait baisser les Bourses mondiales que la tuerie de près de 7 000 Américains. La vie humaine des uns aurait-elle plus de valeur que la vie humaine des autres?

En faisant s'écraser des avions inflammables contre leurs bâtiments, les intégristes ont montré le peu de cas qu'ils faisaient de la vie des Américains. Mais nous-mêmes, les riches, les Blancs, respectons-nous tellement les existences des autres? Certes, on n'a pas sauté de joie devant les caméras après avoir écrasé l'Irak et ses habitants. Mais on n'a guère pleuré les victimes. L'Occident a savouré sa victoire avec infiniment de tact, ce que c'est que d'être bien élevé. Si les Pa