La première appellation des opérations de représailles américaines à la folie meurtrière qui s'est abattue sur Manhattan était «Justice sans limite»; pour des raisons purement diplomatiques, elles ont été rebaptisées «Liberté immuable».
Il n'est cependant pas sans intérêt de revenir sur l'expression précédente de «justice sans limite», typique d'un oxymore, c'est-à-dire d'une contradiction dans les termes. L'essence même de la justice est en effet d'avoir des limites, celles des recherches contradictoires de la preuve, celles du temps du débat judiciaire et de l'adaptation de la sanction au crime, si celui-ci est établi. Une justice sans limite ne peut être qu'une vengeance ou l'explosion des foudres de la colère de Dieu; en tout cas, elle ne peut qu'effrayer ceux qui essaient de rendre chaque jour une justice humaine.
Dans cette ambiance d'apocalypse digne d'un tableau de Jérôme Bosch, la Commission européenne a proposé, le 20 septembre, aux ministres de l'Intérieur et de la Justice de l'Europe des quinze de pulvériser la procédure d'extradition, d'augmenter les pouvoirs d'Europol et d'Eurojust (services de coopération policière et judiciaire européenne en matière de lutte contre la criminalité internationale), et surtout d'étendre la définition des actes de terrorisme. Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne vont entériner comme un seul homme ces projets liberticides, mais tellement dans le vent médiatique et électoral.
Ainsi, tout acte qui vise à menacer, à