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Libération

Oui, justice pourrie...

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publié le 2 octobre 2001 à 1h08

Qu'est-ce que c'est que cette justice qui, une fois de plus, acquitte un flic tueur, quand la victime est une fois de plus un gamin de cité abattu d'une balle dans le dos? Au-delà du verdict inique prononcé vendredi par la cour d'assises des Yvelines et déclarant non coupable Pascal Hiblot du meurtre de Youssef Khaïf, l'extrême violence du procès, telle que des détails l'ont révélée, rend dérisoires tous les discours sur l'égalité des droits. Ces détails ont précisément à voir avec l'accès à la justice, dans ses murs, sa parole et son essence. D'audiences dont il ressortit que n'y furent agréés que les témoins d'une seule partie (voir Libération de lundi), avec leurs places réservées par un arbitraire policier auquel les juges ne s'honorèrent pas en prêtant la main, il ne peut rien sortir de bon; un verdict qui s'énonce, dix ans après les faits, derrière un mur d'uniformes érigé entre le tribunal et le public, on est fondé à le regarder comme une provocation; d'une administration des débats qui a pesé les uns et les autres dans une balance aux plateaux faussés, on dira sobrement qu'elle a failli. Il n'est pas de conscience civique qui ne puisse se tenir aujourd'hui insultée par la justice, telle qu'elle fut rendue, dans ses formes et sur son fond, par la cour d'assises de Versailles. Elle a assommé les parties civiles en les enfonçant plus que jamais dans un néant identitaire dont ne les tireront pas les incantations obscènes, selon lesquelles la République ne confond pas to