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Libération
TRIBUNE

Les deux tours de Babel

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par Louis-Marie NINDORERA
publié le 3 octobre 2001 à 1h08

Pour l'athée débonnaire que je suis, si longtemps éloigné des «affaires» de Dieu, je dois confesser que New York, d'où j'écris, m'a rapproché du mystère de la foi. Jamais auparavant, l'Afrique, mon continent, et sa violence, pourtant si chronique, si spectaculaire, si affligeante, n'étaient parvenues à soulever en moi autant d'interrogations sur l'au-delà.

Sans la moindre haine envers quiconque, je me suis récemment surpris à me représenter les millions d'hommes et de femmes qui bondent les rues de Manhattan en chercheurs d'or piochant avidement dans les plus profondes galeries d'une immense mine ­ New York ­ couverte d'un ciel et éclairée d'un soleil artificiellement produits et animés par la firme Dreamworks. Un coup de grisou survint... un fameux 11 septembre. Cette vision-là, la morale et l'éducation investies en moi dès mon plus jeune âge la repoussent sin cèrement. Mais quand j'y repense, des souvenirs de l'Ancien Testament, émaillé de tant de récits de prophéties et de malédictions, me reviennent. En revoyant l'effondrement des deux gigantesques gratte-ciel du World Trade Center, j'ai repensé au récit biblique de l'orgueilleuse et prétentieuse tour de Babel. Quand je fulmine contre les incessantes interruptions publicitaires des programmes de la télévision américaine, quand j'assiste incrédule à ces jeux télévisés qui livrent tant de millions de dollars au hasard et à la devinette, quand, à Manhattan, j'arpente la célèbre 5e Avenue, noire de monde, et coudoie tant de g