Après le choc et l’horreur des milliers de morts, il ne faudrait pas que l’indignation, la compassion, la pudeur nous empêchent de mesurer la portée hautement symbolique de l’effondrement des deux tours du World Trade Center, mais aussi de la ville éventrée. Il y a bien du symbole global, en particulier pour les terroristes, mais aussi certainement du symbole local pour les New-Yorkais (du monde entier pourrait-on dire).
Du symbole global: il en porte le nom, World Trade Center, centre du commerce mondial, Windows on the World, avec une vue de près de 150 kilomètres à la ronde. Double beffroi infini tout à la fois admirable, comme suspendu au-dessus des eaux atlantiques, et arrogante figure de proue d’un monde magnétique, attirant à son pôle toutes les richesses...
Du symbole local: New York, et Manhattan en particulier, dessine bien une «topographie légendaire», pour emprunter le titre de Maurice Halbwachs, topographie connue de tous, chacun à sa façon. Même si aujourd’hui on pénètre dans la ville par les aéroports de JFK ou de Newark, tout le monde repère dans le pont de Verrazano l’entrée de la baie de New York, puis au pied de Manhattan la double station de la statue de la Liberté et d’Ellis Island, lieu de quarantaine pour tous les passagers troisième classe des navires accostant l’île, après la traversée de l’océan si évidemment comparée à celle du désert. Car New York fut d’abord un havre, un port fourmillant de grandes voilures au long d’East River puis d