Quinze minutes avant le coup de sifflet final, le Stade de France a été envahi par des spectateurs excités. Le match historique France-Algérie a dû être brutalementÊarrêté. Dommage! Comme des millions de téléspectateurs, j'étais très heureux d'assister à un beau match de foot. Outre l'aspect purement sportif, cette soirée revêtait une dimension plus large: la rencontre de deux peuples séparés par l'histoire. Qui a provoqué cette frustration collective? Une poignée de jeunes, un infime pourcentage sur plus de 70000 spectateurs. Quelles étaient leurs motivations? Multiples sans doute. Eux aussi voulaient avoir leur quart d'heure de gloire cher à Andy Warhol. Chacun rêvant d'être un Zidane éphémère pour se passer en boucle la cassette vidéo de son exploit. «Regarde-moi! J'y étais... T'as vu, je suis devant le but. Mes vieux vont être vachement fiers de moi!» N'ayant pu être enfermés dans un Loft, ils se sont rués sur le terrain comme dans une nasse. Une nasse garnie de caméras. Masochistes, ces supporters se sont empêchés de regarder la fin du match. Peut-être même de voir leur équipe égaliser?
Il est aisé de comprendre que ces jeunes issus pour la plupart des nouveaux corons, surveillés plus que les autres par le plan «Ali-pirate» et hantés par les contradictions générées par ce match (leur idole Zidane jouant contre l'équipe de ses parents?), se sont laissés déborder par leur enthousiasme aveugle. Ils ont voulu grappiller quelques miettes de la fête pour les faire réchauffer p